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Discours de S.E. Moussa Faki Mahamat Président de la Commission de l'Union Africaine à l'occasion de la 4e réunion de coordination entre l'Union Africaine, les communautés économiques régionales/mécanismes régionaux et les États membres

Discours de S.E. Moussa Faki Mahamat Président de la Commission de l'Union Africaine à l'occasion de la 4e réunion de coordination entre l'Union Africaine, les communautés économiques régionales/mécanismes régionaux et les États membres

July 17, 2022

Monsieur le Président de l’Union africaine, S.E. Macky Sall, Président de la République du Sénégal,

Monsieur le Président de la République de Zambie, S.E. Hakainde Hichilema

Excellences les chefs d’Etat et de gouvernement

Monsieur le Président du Conseil européen, S.E. Charles Michel

Monsieur l’ancien Président du Niger, S.E. Mohamadou Issoufou

Monsieur l’ancien Premier ministre de l’Ethiopie ; S.E. Hailemariam Dessalegn

Madame la vice-présidente de l’Union africaine

Madame la Sous-secrétaire générale des Nations unies, Secrétaire exécutive de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique

Mesdames Messieurs les Ministres

Mesdames Messieurs les Commissaires

Madame et Messieurs les Secrétaires Exécutifs des Communautés Economiques Régionales, des Organes et institutions de l’Union Africaine

Madame la Directrice Générale de l’Organisation Mondiale du Commerce

Monsieur le Président d’AFREXIMBANK

Monsieur le Représentant de la Banque africaine de Développement

Mesdames, Messieurs,

En cette circonstance solennelle de la tenue de la 4ème Réunion de Coordination entre l’Union Africaine, les Communautés Economiques Régionales/Mécanismes Régionaux et les Etats membres, je voudrais, d’entrée de jeu, remercier S.E. Hakainde Hichilema, le Gouvernement et le peuple de la Zambie pour leur accueil légendaire et généreuse hospitalité, en des temps difficiles que nous traversons.

Je le dis parce que la Zambie constitue le symbole du sacrifice et de la solidarité comme l’atteste l’histoire récente de la Région et du Continent lorsque nous menions la lutte pour la libération des pays sous l’égide du Comité de libration de l’OUA, qui ployaient sous le joug du colonialisme et sous l’abominable système de l’Apartheid. La Zambie a abrité les Mouvements de libération tels la SWAPO, l’UNITA, le MPLA, l’ANC, le PAC, la ZANU, la ZAPU et le FRELIMO.

Le prestigieux fils et leader de ce pays, le Président Kenneth Kaunda, avait déclaré et je cite « l’indépendance de la Zambie reste insignifiante tant que le reste de la Région demeure sous domination coloniale » fin de citation.

La Zambie c’est le Mulungushi Club, le précurseur des pays de la Ligne de front et incarnait les sacrifices désintéressés du peuple Zambien au profit de tout le Continent.

Je suis heureux que notre réunion se tienne dans une salle du Centre International de Conférences Mulungushi, qui porte le nom de Kenneth Kaunda.

Rappelons-nous également que Lusaka avait abrité le 37ème Sommet de l’OUA en 2001 qui avait jeté les bases de l’Union Africaine devenue opérationnelle en 2002 et au cours duquel a été évoqué l’intégration régionale reprise dans l’Agenda 2063.

Monsieur le Président

Excellences

 Mesdames et Messieurs

L’institutionnalisation de la Réunion de coordination par la Conférence de l’Union en 2017 vise au renforcement de la coordination entre l’Union africaine, les Communautés économiques régionales et les Mécanismes régionaux d’une part et les Communautés économiques régionales entre elles d’autre part.

Ce cadre de concertation ambitionne d’améliorer la gouvernance et l’efficacité de la gestion du développement de notre continent. A ce titre, il s’attèle à définir les priorités à mettre en œuvre pour accélérer le processus d’intégration économique.

Cette quatrième réunion de coordination se déroule dans un contexte caractérisé par une multiplication sans précédent de crises multiformes.

On assiste à une continentalisation progressive des zones de conflit. Après la Corne de l’Afrique, les pays de la zone sahélienne, ceux du Golfe de Guinée, en Afrique de l’Ouest, sont de plus en plus les cibles des attaques terroristes. Le nord du Togo, du Bénin et de la Côte d’Ivoire n’est plus à l’abri des incursions terroristes. L’Afrique centrale, déjà frappée dans sa partie occidentale par le phénomène Boko Haram, voit sa partie orientale, en République démocratique du Congo, devenir le théâtre d’un terrorisme islamiste en expansion, s’ajoutant à des conflits qui y sévissent depuis quelques décennies. Même l’Afrique australe, longtemps épargnée, se trouve confrontée depuis quelque temps à l’hydre djihadiste au Mozambique.

Les changements anticonstitutionnels de gouvernement par la perpétration des coups d’Etat militaires dans plusieurs Etats membres participent à la fragilisation d’une écologie politique déjà fortement perturbée dans ces pays.

Les difficultés observées dans le déroulement des processus de transition des gouvernements militaires vers la normalité constitutionnelle donne la mesure des défis et des enjeux d’une démocratisation réussie, gage d’une stabilisation politique des Etats concernés.

La situation économique de nos différents Etats est de plus en plus alarmante. Aux conséquences néfastes de la crise sanitaire due à la pandémie de la covid-19 sont venus s’ajouter les effets déstabilisants de la guerre en cours en Ukraine. L’augmentation exponentielle de la facture alimentaire et énergétique, en plus d’accentuer les déséquilibres des balances des paiements courants, entraîne, entre autres, la dépréciation des monnaies africaines qui, à son tour, provoque un alourdissement de la dette extérieure.

Les changements climatiques, d’une ampleur considérable, bousculent des écosystèmes déjà affaiblis, provoquant une désertification accrue, des inondations inhabituelles et des glissements spectaculaires de terrain avec des pertes en vies humaines.

La conjugaison de ces différentes crises produit des effets paralysants sur le développement socioéconomique du continent. Sous ce rapport, l’accélération de la cadence de l’intégration régionale et continentale devient plus que jamais un impératif de survie pour le continent africain. Dans cette conjoncture déprimée, l’importance stratégique de la Zone de libre-échange continentale africaine apparaît dans toute sa netteté.

L’opérationnalisation tant attendue de la Force africaine en attente devient un impératif catégorique pour renforcer les capacités défensives du continent. Dans le même ordre d’idées, la mobilisation des ressources du Fonds de la paix, dont une somme de cinq millions de dollars vient d’être mise à la disposition de la Commission au titre de la Facilité de la paix est de bonne augure.

Concernant plus précisément le Sahel, le renforcement de l’initiative Nations unies-Union africaine-CEDEAO et G5 Sahel est à saluer. L’entrée en vigueur du Protocole révisé sur les relations entre l’Union africaine et les Communautés économiques régionales et les Mécanismes régionaux constitue un progrès significatif sur la rationalisation des actions à mener de manière concertée, notamment dans le domaine de la paix et de la sécurité, selon le principe de subsidiarité.

Des évaluations de ces différentes crises conduites par la Commission de l’Union africaine, il ressort que la complexité et l’ampleur des défis posés invalide les solutions qui pourraient être envisagées individuellement par les Communautés économiques régionales ou par les Etats membres. Elles ont souligné l’impératif de renforcer tous les mécanismes de l’intégration régionale pour permettre à notre continent de rester dans la trajectoire de l’Agenda 2063.

Ainsi donc, la présente réunion de coordination poursuit le double objectif d’évaluer le chemin parcouru depuis notre dernière session tenue en 2021 et de se projeter vers l’avenir sur la base des acquis engrangés et des contraintes à surmonter dans la perspective d’une intégration toujours plus efficiente.

Monsieur le Président

Excellences

Mesdames et Messieurs

Le rapport sur l’intégration régionale élaboré par la Commission de l’Union africaine au titre de l’année 2022 signale des avancées dans des dimensions d’intégration qui varient d’une Communauté régionale à une autre. Cette différence dans les performances s’explique par les spécificités de chaque région liées aux objectifs poursuivis et aux capacités opérationnelles.

Tourné vers l’avenir, le rapport a davantage souligné le faisceau de contraintes qui handicapent la progression de notre marche vers une intégration qui opèrerait comme socle du développement économique pour le bien-être de nos populations.

Ces contraintes portent sur l’insécurité, le financement durable endogène, la mobilité des personnes et des biens et services, l’industrialisation, les infrastructures physiques et la multi-appartenance des Etats à différentes Communautés économiques régionales. Toutes ces contraintes méritent d’être analysées dans leurs interrelations à l’effet de définir les priorités dont la prise en charge impulsera le renforcement des mécanismes d’intégration.

Monsieur le Président

Excellences

Mesdames et Messieurs

Renforcer les mécanismes d’intégration, c’est optimiser en amont les modalités d’une coordination qui facilite l’emboîtement de nos différentes actions les unes dans les autres, en minimisant les chevauchements et autres duplications, dans la perspective d’un résultat qui reflète les objectifs inscrits dans le Traité d’Abuja instituant la Communauté économique africaine et repris dans l’Acte constitutif de l’Union africaine. 

La coordination prend corps dans des activités spécifiques dictées par la configuration toujours mouvante du processus d’intégration. En premier lieu, il s’impose à nous de délimiter avec clarté nos priorités en les formulant à la lumière de leur impact attendu sur l’amélioration de la santé de nos économies.

Une des activités essentielles de la coordination devra être d’analyser comment le fonctionnement des CER contribue à la réalisation des objectifs de la ZLECAf d’une part et comment la ZLECAF rétroagit sur la vitalité des CER d’autre part.

C’est également dans cette quête de cohérence opérationnelle que s’inscrit l’urgente nécessité d’interroger les différents partenariats dans lesquels nous sommes engagés sur leur degré de pertinence par rapport à la poursuite de nos objectifs d’intégration. Le cas échéant, nous devrions envisager de les repenser pour les ajuster à nos priorités.

Cet acte d’évaluation des partenariats prendra place au sein d’une démarche d’évaluation permanente de la trajectoire de l’intégration afin d’en faire rejaillir les résultats, négatifs ou positifs, sur les séquences suivantes en termes d’ajustement. Dans la même logique, le processus d’intégration pourra se prévaloir du bénéfice du bilan de l’évaluation de la mise en œuvre de la première décennie de l’Agenda 2063.

Un autre aspect de la coordination s’affirme bien évidemment dans la définition des modalités de la mise en œuvre des décisions selon une modulation qui, le cas échéant, prendrait en compte les facteurs régionaux spécifiques en vue de garantir la pleine effectivité de leur exécution.

Aux fins de renforcer la coordination et d’approfondir l’analyse des contraintes mentionnées dans le Rapport sur l’intégration régionale, le Comité de coordination a projeté de tenir une retraite consacrée à ces questions et aux modalités d’un échange d’expériences et de bonnes pratiques entre l’Union africaine, les CER/MR sur la base de leurs avantages comparatifs respectifs.

Monsieur le Président

Excellences

Mesdames Messieurs

Il nous reste à compléter la division du travail dans les domaines non encore couverts pour des raisons d’ordre technique. Une firme de consultants est en cours de sélection par voie d’appel d’offres pour s’y atteler sous la supervision de l’Unité chargée de la mise en œuvre de la réforme institutionnelle.

Elle travaillera selon un calendrier serré dans la perspective de rendre ses recommandations disponibles pour examen par le Comité de coordination en prélude à leur soumission à la 36ème session ordinaire de la Conférence prévue en février 2023.

En vous souhaitant de fructueuses délibérations, je voudrais vous remercier de votre bienveillante attention.

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