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Discours du Président de la Commission de l’Union africaine, Monsieur Moussa Faki Mahamat, à l’occasion du lancement du Forum de Revitalisation de Haut Niveau de l’Autorité Inter-Gouvernementale pour le Développement sur le Soudan du Sud

Discours du Président de la Commission de l’Union africaine, Monsieur Moussa Faki Mahamat, à l’occasion du lancement du Forum de Revitalisation de Haut Niveau de l’Autorité Inter-Gouvernementale pour le Développement sur le Soudan du Sud

December 18, 2017

Monsieur le Premier ministre Hailemariam Dessalegn,
Mesdames et Messieurs les représentants des États membres de l’IGAD,
Distingués représentants des pays et institutions partenaires,
Chers frères et sœurs du Soudan du Sud,
Mesdames et Messieurs,

Cette semaine restera certainement dans les annales comme l’une des plus cruciales de l’histoire post-indépendance du Soudan du Sud.

Elle peut marquer le début d’une véritable réconciliation et la fin du calvaire que vivent, depuis quatre ans, les populations de votre pays. Elle peut aussi être synonyme de la perte de tout espoir de règlement dans les court et moyen termes du conflit qui fait rage au Soudan du Sud et d’une perpétuation, que dis-je, d’une aggravation d’un désastre ayant déjà atteint des proportions hors du commun. 

C’est dire combien est lourde la responsabilité qui pèse sur les épaules de tous les délégués ici présents.

Je m’adresse évidemment au Gouvernement, parce qu’en tant qu’autorité internationalement reconnue, il tient entre ses mains la destinée du pays et a, comme tel, un rôle particulier à jouer. 

Mais je m’adresse aussi aux partis et dirigeants politiques de toutes obédiences, à la société civile, aux dignitaires religieux, aux femmes et hommes ici assemblés, car chacun et chacune d’entre vous a un rôle à jouer, une responsabilité à assumer. La paix suppose l’implication de tous. 

Votre peuple a le regard tourné vers Addis Abéba. Après tant de tentatives de règlement avortées et d’espoirs déçus, il attend de vous un sursaut, un ressaisissement, un acte qui puisse le convaincre que son sort vous préoccupe réellement. 

La communauté internationale a, elle aussi, le regard tourné vers Addis Abéba.

À la veille de cette rencontre, des appels ont fusé de toutes parts, vous implorant de mettre enfin de côté les intérêts partisans et égoïstes, de prendre la pleine mesure du désastre qui afflige votre pays et son peuple, pour être à la hauteur de ce qui se joue: rien de moins que la survie du Soudan du Sud en tant qu’État et communauté humaine. 

Ces espoirs ne peuvent être déçus. Ils ne doivent pas être déçus. 

Vos populations ne le comprendront pas; elles ne vous pardonneront pas de laisser ainsi passer l’opportunité unique qu’offre ce Forum de revitalisation organisé par l’IGAD. 

La région, qui a fait preuve d’une sollicitude remarquable envers vous, et vos autres partenaires au sein de la communauté internationale n’en seront que plus sceptiques quant à votre volonté de clôre le triste et tragique chapitre que constitue la situation actuelle. 

Chers frères et sœurs du Soudan du Sud,

En m’adressant à vous en ce jour, je ne peux manquer de relever le symbole que constitue la tenue du Forum ici, au siège de l’Union africaine, dans la salle Nelson Mandela. 

L’année 2018 marquera le centenaire de celui que l’on nommait affectueusement Madiba, cependant que 2017 a été celui d’un autre héros de la lutte anti-apartheid et apôtre de la tolérance. Je veux parler d’Oliver Tambo. 

Madiba a placé la réconciliation nationale en Afrique du Sud au centre de son action politique en tant que Président. Il n’est point besoin de s’étaler sur les sacrifices qu’il a consentis, les privations qu’il s’est imposées, pour faire triompher la cause de la justice dans son pays. Il a subi dans sa chair l’iniquité et l’inhumanité du système d’apartheid. 

Mais cela n’a fait que renforcer son engagement en faveur de la réconciliation. Il comprit, plus que tout autre, qu’une nation ne peut être forte qu’unie, et que ceux qui gouvernent ont une responsabilité particulière à cet égard. 

Il est une citation de Mandela que je voudrais partager avec vous. Dans son autobiographie – Un long chemin vers la liberté, Madiba a dit que la liberté ne consiste pas seulement à se libérer du joug de la domination, mais aussi à se comporter d’une manière qui respecte et renforce la liberté des autres (« To be free is not merely to cast off one’s chains, but to live in a way that respects and enhances the freedom of others »).

Le Soudan du Sud a arraché son indépendance au terme d’une longue lutte. Celle-ci fut sanglante et cruelle. Les souffrances dont elle s’est accompagnée sont indicibles. 

L’indépendance devait marquer une nouvelle ère, la fin de la violence, le début de la prospérité pour un pays abondamment doté en ressources naturelles et bénéficiant de la bienveillance de la communauté internationale, celle qui, habituellement, entoure les nouveau-nés.

Il n’en fut rien. À la mal gouvernance qui a caractérisé les premiers pas de l’indépendance est venue s’ajouter, à partir de décembre 2013, une brutale guerre civile. Les atrocités commises dépassent l’entendement. Rares sont les Sud-Soudanais qui y ont échappé. Elles ont été amplement documentées, y compris par la Commission d’enquête de l’Union africaine, dirigée par l’ancien Président Olusegun Obasanjo. 

Cette guerre a fait des dizaines de milliers de morts.

Elle a déplacé plus du tiers de la population, dont près de deux millions dans les pays voisins, cependant que près de sept millions de personnes auront besoin d’assistance et de protection en 2018.

Elle a induit un traumatisme dont les générations présentes et futures subiront l’impact de très nombreuses années durant.

Elle a connu et continue de connaître un nombre exceptionnellement élevé de viols et d’autres violences sexuelles.

Chaque jour, de nouvelles atrocités sont commises, presque dans l’indifférence générale, tant l’inhumanité semble être devenue la norme au Soudan du Sud. 

L’économie du pays est littéralement en lambeaux.

Cette tragédie est une trahison.

Trahison du combat pour la liberté et du martyre de nombreux Sud Soudanais.

Trahison de l’aspiration à la paix et au bien-être qu’a fait naître l’indépendance.

Trahison de l’attente de ceux-là qui ont soutenu votre lutte, dans l’espoir que le sort de votre peuple en serait amélioré. 

Un des premiers déplacements que j’ai effectués après ma prise de fonction comme Président de la Commission de l’Union africaine a eu lieu au Soudan du Sud. J’ai pu alors constater de visu l’ampleur et la profondeur du traumatisme engendré par la violence qui afflige votre pays. 

Des veuves, des orphelins, des femmes qui avaient subi dans leur chair les atrocités de la guerre, des déplacés ont déroulé devant moi la longue liste des exactions de toutes sortes que leur ont infligées d’autre Sud-Soudanais, soit parce qu’ils appartenaient à un groupe ethnique différent, soit parce qu’ils étaient soupçonnés de soutenir l’autre camp, ou, tout simplement, parce qu’ils étaient au mauvais endroit au mauvais moment.

Leur traumatisme était si profond qu’ils ne pouvaient même plus verser de larmes, exprimer une émotion. 

Chers frères et sœurs du Soudan du Sud,

Au cours des quatre années écoulées, de nombreuses opportunités se sont présentées pour mettre un terme à cette tragédie. Un accord a même été conclu en août 2015. 

Mais ces occasions n’ont jamais été saisies. Et les raisons sont aussi simples que désolantes. 

Parce que la volonté politique a manqué.

Parce que l’intérêt général a été relégué aux oubliettes au profit d’une lutte acharnée pour le pouvoir, conçu non comme l’exercice d’une responsabilité envers un peuple, mais comme l’accaparement des leviers de la souveraineté nationale pour servir des intérêts égoïstes. 

Parce que des politiciens sans scrupule et des chefs de guerre dépourvus de toute éthique ont fait de l’identité, de l’appartenance ethnique, de la division, du rejet de l’autre un outil de choix pour assouvir leurs ambitions personnelles.

Parce que la peur de l’autre, la haine de l’autre a fini par rompre tout lien social et pervertir les valeurs humaines les plus fondamentales.

Mais comme le dit si bien l’adage, il n’est jamais trop tard pour bien faire.

La perche qui vous est tendue par l’IGAD pour mettre fin au désastre que vous avez infligé à votre peuple doit être promptement et pleinement saisie. Vous avez à votre service des facilitateurs de talent à l’expérience avérée, à savoir les anciens Ministres Ramtane Lamamra d’Algérie, Hanna Tetteh du Ghana et Georges Rebelo Chicoti d’Angola. Vous pouvez également compter sur le dévouement de l’Envoyé spécial de l’IGAD, Ismaïl Wais.

Pour paraphraser Madiba, vous devez réaliser la deuxième et ultime phase du combat pour la liberté dont le SPLM fut, en d’autres temps, porteur, en agissant d’une manière qui respecte le droit à la vie, l’aspiration au bien-être de vos compatriotes. 

Trop de temps a été perdu. Et l’urgence est grande.

Vous ne pouvez quitter ce Forum sans vous engager solennellement et sincèrement à mettre un terme immédiat à la violence et à bâtir sur un tel socle pour accélérer la marche vers la paix et la réconciliation. 

Chers frères et sœurs du Soudan du Sud,

Ce Forum n’aurait pu être convenu sans la persévérance de l’IGAD et des dirigeants de la région. Leur engagement n’a jamais été pris en défaut. 

Ils ont fait preuve d’une patience à toute épreuve et d’un sens élevé de la pédagogie. 

Ils ont, malgré les difficultés inhérentes à un processus de paix si complexe, maintenu leur unité, pour aider à faire cesser la violence, recréer le vouloir-vivre ensemble et redonner un futur prometteur à votre pays. 

Ils ont organisé un nombre infini de Sommets et de missions. Je doute qu’eux-mêmes aient pu en garder le décompte. 

Je me dois donc de leur dire toute l’appréciation de l’Union africaine pour ce dévouement, mais aussi son soutien indéfectible, à travers le Conseil de paix et de sécurité, le Comité ad hoc de haut niveau des Cinq, la Commission et mon Haut Représentant pour le Soudan du Sud, l’ancien Président Alpha Oumar Konaré. 

J’appelle l’ensemble des États membres de l’Union africaine et la communauté internationale à ne ménager aucun effort en appui aux efforts de la région. L’action de l’IGAD s’inscrit pleinement dans le cadre de l’Architecture africaine de paix et de sécurité, qui veut que les regroupements régionaux soient les premiers intervenants s’agissant de la promotion de la paix dans leurs zones de compétence respectives. Elle est celle qui présente les chances les meilleures pour arriver à une solution définitive au conflit. 

Soutenir la quête de la paix au Soudan du Sud implique donc de se ranger sans réserve derrière l’initiative de la région, de signaler aux acteurs sud-soudanais que la communauté internationale est unie dans son exigence d’une avancée concrète et urgente vers la paix. 

Je me dois aussi de remercier les pays voisins qui accueillent les nombreux réfugiés sud-soudanais qui ont fui la guerre. Leur générosité est le témoignage de leur sens élevé de la solidarité. 

Permettez également que je rende hommage à la Mission des Nations unies au Soudan du Sud - la MINUSS, aux agences des Nations unies et aux organisations humanitaires pour le remarquable travail que leurs personnels accomplissent quotidiennement sur le terrain. Elles se sont employées, dans des conditions on ne peut plus difficiles, à atténuer les souffrances des Sud Soudanais. 

J’insiste, encore une fois, sur l’obligation qui incombe au Gouvernement et à l’ensemble des parties de ne poser aucune entrave à l’action de la MINUSS et des agences humanitaires.

Chers frères et sœurs du Soudan du Sud,

Les jours à venir seront déterminants. Ils indiqueront si, après tant de sang inutilement versé et de souffrance extrêmes, les parties sud-soudanaises ont, enfin, décidé d’ouvrir une nouvelle page dans l’histoire tragique de leur jeune nation, ou si elles persistent dans l’aveuglement, le mépris de l’intérêt général et une fuite en avant criminelle.

L’enjeu est immense. Il importe que chacun et chacune d’entre-vous ait une pleine conscience de ce qui se jouera dans les jours à venir.

On ne le dira jamais assez : il n’y a pas de solution militaire au conflit.

Seuls le dialogue, la tolérance envers vos semblables, la générosité de cœur et la grandeur d’esprit sortiront votre pays du précipice dans lequel il se trouve.

L’Union africaine, de concert avec les autres membres concernés de la communauté internationale, est résolue à accompagner vos efforts, pour autant qu’ils participent d’une quête sincère de la paix.

Dans le même temps, nous n’hésiterons pas, en cas d’échec, à pointer du doigt ceux qui auront fait obstacle à la recherche d’une solution pour que les instances compétentes de notre Union prennent les mesures qu’appelle la situation et sollicitent l’appui de la communauté internationale à cet effet.

Je vous remercie de votre attention, et forme l’ardent espoir d’une conclusion heureuse de vos travaux. 

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