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Discours de M. Moussa FAKI Mahamat, Président de la Commission de l'UA à l'ouverture de la 18ème session extraordinaire du Conseil Exécutif #AfCFTA

Discours de M. Moussa FAKI Mahamat, Président de la Commission de l'UA à l'ouverture de la 18ème session extraordinaire du Conseil Exécutif #AfCFTA

March 19, 2018

Madame la Présidente du Conseil exécutif,

Mesdames Messieurs membres du Conseil exécutif,
Madame la Secrétaire Exécutive de la CEA

Distingués représentants des Communautés économiques régionales et des Organes de l’Union,

Chers Partenaires,

Mesdames Messieurs,

Permettez-moi tout d’abord, au nom de la Commission de l’Union africaine, d’exprimer au Gouvernement et au peuple rwandais notre profonde reconnaissance pour l’excellente organisation de nos travaux.

Je suis sensible aux innombrables marques d’hospitalité dont mes collègues et moi-même sommes l’objet depuis notre arrivée à Kigali.
 
Mes remerciements vont également aux Ministres du Commerce, de la Justice de tous nos Etats membres, aux négociateurs et experts qui ont travaillé sans relâche pour l’aboutissement du projet de Zone continentale africaine de libre-échange. 

Nous tirons une grande fierté de leurs efforts et engagement. Vos travaux vont, sans aucun doute, amplifier et consolider les résultats par eux obtenus. 
 
Dans la constellation d’acteurs dont l’engagement a rendu possibles les progrès accomplis, les efforts des membres du Comité des Représentants permanents méritent d’être relevés. 

Ils ont, collectivement et individuellement, donné le meilleur d’eux-mêmes. Je leur en suis reconnaissant. 

Leur unité, efficacité et sens des responsabilités ont permis, en parfaite coordination avec la Commission, le Département du Commerce et de l’Industrie en particulier, de mettre en cohérence des apports aussi précieux que divers. 

De fait, les efforts de tous ont pu se conjuguer dans un bel élan panafricaniste.
 
Les résultats sont là. Ils parlent d’eux-mêmes. 

Les rapports qui vous seront présentés l’attesteront certainement. 
 
Mesdames, Messieurs
 
Depuis le lancement, en juillet 2016, du processus de la réforme institutionnelle de l’Union africaine, qui vise à mettre notre outil à la hauteur de nos ambitions telles qu’articulées dans l’Agenda 2063, nous sommes  entrés de plain-pied dans une dynamique d’accélération de l’entreprise d’intégration continentale. 

La Zone africaine continentale de libre-échange, le Marché unique sur le transport aérien en Afrique et le Protocole sur libre circulation des personnes et le passeport africain, ainsi que les grands projets d’infrastructures régionales et continentales tels qu’articulés dans le Programme de Développement des Infrastructures en Afrique, sont les piliers de cette entreprise. 
 
Tout a été dit sur la Zone de libre-échange: sa fonction cruciale dans l’intégration africaine, son effet d’entraînement économique, la solidarité dont elle est le symbole face à d’autres blocs dans un monde où la compétition est féroce, son impact positif sur le bien-être de nos peuples, l’ouverture espérée d’immenses gisements d’emplois et les encourageantes perspectives d’épanouissement qu’elle offre à notre jeunesse. 

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. La mise en place de la Zone de libre-échange se traduira par la création d’un marché de plus d’un milliard deux cents millions de personnes, avec un produit brut combiné de plus trois milles milliards de dollars. 

Elle induira un accroissement du commerce intra-africain de 52 pour cent à l’horizon 2022. Nos exportations industrielles et agricoles augmenteront de façon significative. 

Les potentialités dont notre continent est riche pourront enfin profiter à nos populations, qui attendent désespérément que leur quotidien s’améliore de façon tangible et substantielle. 

Ce sont là autant de dividendes attendus de l’étape cruciale que devrait nous faire franchir le Sommet extraordinaire de Kigali. 
 
Le contexte international, marqué par un affaiblissement inquiétant du multilatéralisme et des principes de solidarité entre les peuples rendent cruciale la réalisation de ce projet phare.

Mesdames Messieurs,

Dès lors, une question, une seule, se pose de manière frontale à nous: pouvons-nous nous dérober et décevoir tant d’attentes ?
 
Pouvons-nous accepter de prendre le risque, collectivement ou individuellement, de différer la mise en place de ce grand projet stratégique ?
 
Au moment où le reste du monde se coalise et se consolide dans la défense résolue de ses intérêts stratégiques, nous n’avons d’autre choix que d’aller de l’avant. 

Nous devons surmonter nos peurs, nos contraintes nationales, aussi légitimes soient-elles, et les barrières qui peuvent naître d’interprétations trop restrictives de nos souverainetés.

Nous devons offrir à la face du monde l’image d’une Afrique unie.
 
Certes quelques questions techniques restent à surmonter. Elles se rapportent notamment à la nature du Secrétariat de la Zone de libre-échange, au nombre de ratifications requises pour l’entrée en vigueur de l’Accord et à l’admissibilité de réserves.
Mais ces considérations ne doivent pas nous faire perdre de vue le but recherché. D’autant que sur la plupart de ces questions, nous avons une pratique et une doctrine à peu près constante.
 
L’Afrique nous attend. Sa jeunesse, à juste titre impatiente, appelle de toutes ses forces des réponses concrètes à ses angoisses.

Nos amis dans le monde croisent leurs doigts par peur de nos trébuchements. 

A l’inverse, nos adversaires et concurrents se délectent à l’idée d’un énième report, annonciateur de l’hypothétique échec.
 
Une décision, une seule, va soulager nos peuples et conforter nos amis: signer massivement, ratifier d’urgence et mettre scrupuleusement en application l’accord sur la Zone de libre-échange.

Nous devons déclarer, devant nos peuples et à la face du monde entier, le départ définitif du train à grande vitesse de la Zone africaine continentale de libre-échange. 

Cette démarche doit aller de pair avec une action plus soutenue pour hâter la mise en place effective du Marché unique pour le transport aérien en Afrique, ainsi que la signature et la ratification du Protocole sur la libre circulation des personnes et le passeport africain. 

J’en appelle à tous les Etats membres pour qu’ils assument les responsabilités qui sont les leurs à cet égard. 

Aussi, les Etats qui ne se sont pas encore joints au Marché aérien unique devraient le faire sans autre délai. 
 
Mesdames Messieurs,

Une autre tâche importante qui nous attend a trait à l’adoption d’une position commune sur les arrangements qui doivent succéder aux Accords de Cotonou. Ceux-ci viennent à échéance en 2020.

Cette négociation intervient dans un contexte particulier pour le continent. D’une part, l’Afrique s’est dotée, à travers l’Agenda 2063, d’une vision à long terme pour la transformation et développement socioéconomique du continent.
De l’autre, nous aspirons à parler d’une seule voix dans le dialogue avec nos partenaires, pour garantir la prise en compte de nos préoccupations et la défense effective de nos intérêts.

Dans cet exercice, la formulation de notre position commune doit certes prendre en considération des préoccupations à caractère régional et ou national, par ailleurs compréhensibles, eu égard à la diversité des statuts juridiques liant certains de nos Etats membres à l’Union européenne. 

Il reste que cette position doit être élaborée dans le respect des aspirations contenues dans l’Agenda 2063, de l’unité du continent et de la construction d’une relation d’égal à égal avec l’Europe.

En somme, dans la négociation à venir, nous devons apporter la preuve de notre capacité à agir comme un bloc uni, dans la défense des intérêts de notre continent. 
 
Mesdames Messieurs, 
 
Nous sommes à la veille d’une décision à tous égards historique. Elle exige de nous tous un engagement renouvelé au service des peuples de notre continent. 

Je vous invite, à déployer vos intelligences, vos talents et à mobiliser toutes vos ressources intellectuelles, politiques et diplomatiques pour que l’immense résultat attendu de ses assises soit atteint. 

Lorsque nos chefs d’Etat et de Gouvernement seront ici rassemblés, après-demain, pour cette cause, leur Conférence doit être couronnée d’un grand et brillant succès. 

Avons-nous le droit de ne pas leur offrir ce beau cadeau pour lequel ils ont tant œuvré et au sujet duquel nos Pères fondateurs ont tant rêvé?
 
Certains pourraient dire que je suis exagérément passionné pour le sujet. Ne leur en voulez pas car ils ont raison. Comme l’a si justement souligné un célèbre philosophe, « Rien de grand ne s’accomplit sans passion ».
 
Je vous invite avec fraternité à nous tenir la main dans la passion, à lancer et à mettre en place la Zone de libre-échange, prélude à un grand, compétitif, fécond, dynamique et prospère  marché continental.

Je souhaite plein succès à nos travaux et vous remercie pour votre attention.

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