YOKOHAMA (JAPON)

Excellence Monsieur Shinzo ABE, Premier ministre du Japon,
Excellence Monsieur Abdel Fatah Al Sissi, Président de la République Arabe d’Egypte et président de l’Union africaine,
Excellences Mesdames et Messieurs les Chefs d’Etat et de gouvernement et des délégations,
Monsieur António GUTERRES, Secrétaire général des Nations unies,
Mesdames Messieurs les Représentants des organisations internationales et du secteur privé,
Chers invités
Mesdames et Messieurs

C’est un insigne honneur pour moi de prendre part à ce grand rassemblement dans cette belle ville de Yokohama qui s’est habituée à nous recevoir.

Je voudrais tout d’abord présenter ma respectueuse révérence à Sa Majesté NARUHITO, Empereur du Japon et saluer Son Excellence Monsieur Shinzo ABE, Premier ministre et l’ensemble de son gouvernement pour la qualité des dispositions prises pour la tenue de cette 7ème édition.

L’engagement du Japon que traduit le processus de la TICAD est un bel exemple du multilatéralisme constructif. Je salue son inclusion des Nations unies, de la Banque mondiale et d’autres partenaires publics et privés à travers le monde. La TICAD a construit progressivement un partenariat stratégique entre l’Afrique, le Japon et les autres partenaires. La qualité de ce partenariat lui vient de la prise en compte des priorités exprimées par l’Afrique et son attachement au principe d’appropriation de cette plateforme multilatérale.

Mesdames et Messieurs,

Aujourd’hui, 23 ans après, le bilan de la TICAD est là pour attester du chemin parcouru. A l’actif de ce partenariat dynamique, il y a lieu de souligner les principes de la rotation de la tenue des sommets, lequel consacre un autre principe fondamental celui de l’égalité de notre partenariat.

Dès la conférence d’août 2016 à Nairobi au Kenya, l’Afrique s’est réjouie de l’ancrage de notre partenariat sur l’égalité, le respect, la compréhension et les avantages mutuels.

Pour sa part, le Japon s’est imprégné des mécanismes et processus de prise de décisions en vigueur au sein de l’Union africaine et s’est pleinement familiarisé avec les objectifs stratégiques qui orientent l’action de nos chefs d’Etat et de gouvernement, tels que consignés dans l’Agenda 2063.

Au fil du temps, les bases de la TICAD se sont ainsi consolidées à travers notre quête permanente du consensus dans la résolution des défis qu’affronte notre commun destin.

Dans un tel contexte, le thème de cette 7ème édition à savoir « Promouvoir le développement de l’Afrique par le biais des personnes, de la technologie et de l’innovation », revêt un intérêt tout particulier.

Les défis que lancent à notre Union une telle thématique, n’est pas comme bien d’autres défis étrangers à la décision stratégique de réformer Organisation.

En effet des janvier 2017, l’Union africaine a mis sur orbite le processus de sa réforme institutionnelle afin d’ajuster sa configuration opérationnelle aux mutations de l’environnement politico-économique du monde et de se doter des moyens de répondre avec une réelle efficacité aux demandes de ses citoyens.

Aux besoins récurrents en matière d’éducation, de santé, de mobilité sociale, se sont ajoutées de nouvelles exigences relatives aux questions de genre, de jeunesse, de migration, de réfugiés, de personnes déplacées et aux nombreuses contraintes de l’explosion démographique du continent.

Les avantages à tirer de ce dividende démographique continuent de mobiliser pleinement nos efforts aux fins de rendre notre continent plus hospitalier et plus attractif à tous égards.

Pourtant toutes les évaluations crédibles montrent hélas que nous continuons de souffrir d’un réel déficit en matière de technologie et d’innovation. Notre espoir que la TICAD VII permette d’inventer des solutions innovantes en matière de formation massive des jeunes et des femmes dans ces domaines.

Mesdames et Messieurs,
Dans la perspective du développement accéléré de l’Afrique, les Chefs d’Etat et de gouvernement ont décidé, dans le cadre de la réforme institutionnelle, de transformer le NEPAD en Agence d’exécution de l’Union africaine. Cette agence serait accréditée pour la mise en œuvre des projets et programmes qui seront contenus dans le plan d’action de Yokohama 2019.

Parallèlement au processus de la réforme institutionnelle, l’Union africaine a poursuivi la consolidation de ses efforts en matière d’intégration régionale et continentale. Le lancement en juillet 2019 à Niamey au Niger de la zone de libre-échange continentale africaine est venu compléter d’autres projets phares de l’Agenda africain en cours. La TICAD est appelée à apporter ici un franc soutien à ces projets qui conditionnent le succès de la zone de libre-échange continentale.

L’Afrique est donc en mouvement. Elle avance. Elle avance malgré les poches de conflits et des urgences à l’exemple d’Ebola. Elle avance en puisant dans ses propres ressources intellectuelles les solutions à ses différents conflits. A ce titre, la signature le 6 août dernier de l’accord de paix entre la RENAMO et le Gouvernement du Mozambique mérite d’être saluée. Le succès retentissant de la médiation africaine au Soudan a permis de stopper une mécanique désastreuse et mit en œuvre les arrangements politiques d’une transition démocratique au Soudan. Ces deux récents exemples apportent l’irréfutable preuve que les problèmes africains ne sauraient être mieux traités que par les africains eux-mêmes.

Faire taire les armes en 2020, projet phare et thème de l’année prochaine, trouve ici toute sa pertinence.

Mesdames et Messieurs
L’Union africaine s’est inscrite dans une trajectoire opérationnelle de mise en œuvre d’un ensemble de projets et programmes à vocation continentale en réponse aux demandes des citoyens et pour assurer une digne place sur la scène internationale.

Une telle double ambition requiert, nous en sommes conscients, une exceptionnelle mobilisation des ressources financières, une meilleure gouvernance économique et une plus efficace lutte contre la corruption, l’évasion fiscale et la fuite des capitaux.

L’industrialisation adossée à un maillage infrastructurel, comme souligné par le Président Al Sissi, président de l’Union africaine, parait être une condition vitale pour accroitre la compétitivité de l’économie africaine, la création des richesses et d’emplois à l’échelle continentale.

C’est le lieu d’appeler à une mise en œuvre du plan d’action convenu entre les Etats africains et dans le cadre de la TICAD.
Mesdames et Messieurs,

Je voudrais adresser un dernier mot aux investisseurs japonais. La forte représentation du secteur privé du Japon à la TICAD VI, tenue à Nairobi au Kenya en 2016, a créé de grands espoirs à l’échelle du continent africain. Il est vivement souhaitable que ces espoirs ne soient point déçus. Il est urgent de promouvoir les stratégies permettant à l’Afrique de tirer les avantages souhaités de l’expérience japonaise en matière de création de richesses à travers ses PME et PMI.

Les Etats membres de l’UA, conscients de ce rôle stratégique des PME et PMI, de l’urgente nécessité d’attirer les investissements privés tant nationaux qu’étrangers, veillent avec une constante attention à améliorer le climat des affaires au sein des Etats membres.

Mesdames et Messieurs,
Je viens d’assister au Sommet du G7 à Biarritz en France. J’ai porté avec d’autres Chefs d’Etat africains le message de l’Afrique sur l’urgence de se donner les mains pour l’émergence d’un nouveau multilatéralisme. Il n’est point d’avenir paisible pour l’humanité dans la négligence ou la minoration du continent africain. La 7ème TICAD est appelée à se faire l’écho audible de ce message ici même en terre japonaise, dans cette ville Yokohama si proche de nos cœurs.

L’Afrique sait ce qu’elle veut. Elle veut que ses partenaires s’adaptent et travaillent sur la base de sa feuille de route qui est l’Agenda 2063, celui de l’Afrique que nous voulons.
Je vous remercie de votre bienveillante attention.