ALLOCUTION DU PRÉSIDENT DE LA COMMISSION DE L'UNION AFRICAINE, MOUSSA FAKI MAHAMAT,
À L’OCCASION DE LA QUARANTE SIXIEME SESSION ORDINAIRE DU CONSEIL EXÉCUTIF

ADDIS ABÉBA, LES 12-13 FÉVRIER 2025

(Minute de silence en la Mémoire du Président Sam Nujoma, ancien Président de la Namibie)

Excellence Monsieur le Président Mohamed Salem ould Merzough. Ministre des affaires étrangères de la République Islamique de Mauritanie,

Excellences Mesdames Messieurs les membres du Conseil exécutif, Monsieur le Secrétaire exécutif de la CEA,
Madame la vice-présidente de la CUA,
Mesdames Messieurs les Commissaires,

Excellences mesdames, messieurs les membres du COREP,

Mesdames et Messieurs les chefs exécutifs des CER et Mécanismes régionaux,

Mesdames et Messieurs les Représentants permanents, Envoyés spéciaux et chefs de bureau,

Mesdames et Messieurs les observateurs, Mesdames Messieurs, Chers amis,

Permettez- moi tout d’abord de vous souhaiter, pour la dernière fois comme président de la commission, mes meilleurs souhaits de bienvenue au siège de votre organisation, ici à Mandela Hall, témoin éternel de nos rencontres et de notre diplomatie continentale. À toi mon cher frère Mohamed Salem Merzough, je voudrais, en particulier te dire combien j’ai été ravi d’avoir fini mon mandat avec toi. Ton engagement, ton ouverture d’esprit et ta constante disponibilité, j’en garderai un merveilleux souvenir.

Je voudrais aussi présenter mes vifs remerciements au COREP aux réunions duquel je n’ai pas toujours été en mesure de prendre part, ce que je regrette bien sûr surtout la dernière pendant laquelle je comptais lui faire mes adieux ! Mieux vaut tard que jamais, Mesdames Messieurs les Ambassadeurs, infiniment merci. C’est mon dernier Conseil, le 15 mars finit mon mandat.

Je le félicite pour l’excellent travail reflété dans son rapport qui sera présenté sous peu. Je voudrais à cet égard exprimer mes chaleureuses félicitations à toi, madame la Présidente, ma chère sœur Khadijetou, pour ton efficacité, ton dynamisme et ton leadership.

Avec le COREP, la commission, voyez- vous, a une belle histoire, et comme toutes les belles histoires, la passion, la vivacité et les enrichissements mutuels sont la règle.

Aux communautés économiques régionales qui sont, en vertu du nouveau protocole révisé, désormais parmi nous comme nous devrions être parmi eux, même si, malheureusement, ça n’a pas toujours été ainsi mais soit qu’à cela ne tienne ! Je voudrais, toutefois, leur exprimer une pensée solidaire fraternelle.

Aux personnels (technique, de sécurité et protocole) qui se dévouent jours et nuits pour nous créer les meilleures conditions de travail et, au-delà d’eux, à tous nos organes, j’exprime mes vifs remerciements et toute ma reconnaissance pour leur soutien et efficace accompagnement tout au long des années qui nous ont réunis dans cette belle aventure.

En vérité, m’adressant à vous Excellences, Mesdames et Messieurs les membres du Conseil Exécutif, j’ai eu durant ces huit dernières années de mon double mandat, le sentiment de toujours appartenir à cet organe central de notre organisation, le Conseil Exécutif, Ce club des Ministres des Affaires Étrangères, que j’ai eu l’honneur de présider juste avant mon accession à mon actuelle finissante mission. J’y ai siégé pednat 17 ans d’affilé, 9 ans comme Ministre et 8 comme président de la Commission.

D’ailleurs, je vois encore quelques anciens collègues dont les cheveux, comme les miens, ont pris une certaine couleur argentée ! Mahmoud Ali Youssouf, Mbela Mbela Lejeune, Robert Dussey, Jean- Claude Gakosso, Nasser Bourita, Mamadou Tangara, je vois aussi Pierre Moukoko, chef de l’Unité de la réforme qui fut des nôtres pendant plusieurs années.

Comment vous cacher mon regret de voir que six de nos collègues n’arrivent toujours pas à prendre leur place parmi nous pour des raisons de changements non constitutionnels dans leurs pays.

Excellences, Chers amis,

Ensemble, avec le constant soutien de nos Chefs d’Etat, nous avons fait beaucoup et avons jeté les bases de davantage d’ambitieux programmes. Il n’y a presque aucun domaine significatif où nous n’avons pas semé, cultivé et parfois cueilli, même si les intempéries politiques, économiques et diplomatiques ont quelquefois réduit notre productivité et notre production. Dans le domaine de la santé, la Covid19 a été vaincue comme 3

l’a été Ebola et l’est Impox. CDC Africa s’affirme comme un outil efficace. L’Agence africaine des médicaments s’installe. L’Agence humanitaire africaine sort de ses limbes. Le PANVAC s’équipe, se consolide. L’éducation se modernise et met définitivement le cap sur le futur en centrant l’attention et les efforts de l’innovation et l’intelligence artificielle. La stratégie industrielle s ‘ébauche.

La ZLECAF s’opérationnalise en dépit des obstacles. Les positions africaines sur le climat se consolident. L’agriculture et l’économie bleue prennent, peu à peu, leur place naturelle dans nos choix stratégiques. Le secteur des infrastructures et de l’énergie a connu des avancées significatives.

Presque tous les organes de l’Union et toutes les agences spécialisées dont je vous fais grâce de la liste, se sont maintenus dans des progrès constants tant au niveau de leur consolidation institutionnelle que dans la diversité des programmes et projets réalisés. La réforme institutionnelle de notre organisation a connu des progrès significatifs et se poursuit pour des conclusions heureuses.

Nos partenariats internationaux s’élargissent et s’ouvrent de nouveaux horizons. Notre crédibilité internationale et notre visibilité dans l’arène mondiale se sont affirmées de façon significative. Des rapports circonstanciés sur tout ce palmarès seront présentés au sommet. Il est superflu de vous en encombrer maintenant.

Excellence, Mesdames et Messieurs,

Le difficile financement de notre organisation continue de peser lourd sur son efficacité et son indépendance de décision. La revitalisation du Fonds de la paix et l’atteinte de son premier objectif est une lueur encourageante ç ce sujet.

L’affaiblissement de la solidarité africaine et l’affaissement de son âme porteuse, le panafricanisme, émoussent nos ardeurs et réduisent la portée et la résonance de notre redéploiement à l’échelle continentale et internationale. Cette situation est d’autant préoccupante que nous nous trouvons à un moment où le multilatéralisme, déjà en mauvaise posture depuis un certain temps, semble devoir faire face à de nouveaux défis et coups de butoir venus d’outre -atlantique. Il nous faut donc nous ressaisir. Et le faire ici et maintenant.

Excellences, chers frères et amis,

Bientôt un nouveau leadership va être élu. Afin de contribuer à lui paver la voie, j’ai attiré la haute attention de l’ensemble des chefs d’état du continent, par un écrit qualifié par un grand président africain de brûlot, sur certaines questions dont la solution commande la survie de notre organisation. Je continue de croire, de plus en plus, que si nous ne nous saisissons pas rapidement de la question de notre architecture politique, de paix, de sécurité et de gouvernance, de la question des partenariats, du financement de l’organisation et des pouvoirs de la commission et de son président, il y aurait franchement lieu de s’inquiéter sur l’avenir de notre organisation.

Tel est le principal message que je souhaite transmettre, en toute humilité, à notre prochain leadership auquel je souhaite plein succès. Dois-je par ces mots vous dire au revoir, la gorge serrée d’émotion et de nostalgie - déjà pour votre conclave ? La reprise de ma liberté et les joies qu’elle me procure est, en cet instant, ma plus agréable consolation.

Je vous remercie.