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Discours du Président de la Commission de l'Union africaine à l’ouverture de la session extraordinaire de La CEDEAO sur le terrorisme

Discours du Président de la Commission de l'Union africaine à l’ouverture de la session extraordinaire de La CEDEAO sur le terrorisme

September 14, 2019

Session Extraordinaire de l’Autorité des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO sur la lutte contre le Terrorisme, 14 Septembre 2019
Ouagadougou, Burkina Faso

 
Discours de S.E. Moussa Faki Mahamat
Président de la Commission de l’Union Africaine

 

-Son Excellence Roch Marc Christian Kaboré, Président du Faso et President en exercice du G5 Sahel, 
-Son Excellence Mahamadou Issoufou, Président de la République du Niger et Président en exercice de la CEDEAO,
-Excellences, Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement
-Monsieur le Président de la Commission de la CEDEAO,
Monsieur le Représentant du Secrétaire Général des nations unies, 
-Mesdames et Messieurs,

 
La situation dans la région sahélo-saharienne est pour l’UA et ses Etats membres l’un des plus grands défis que notre continent doit relever dans ses efforts de promotion de la paix et de la sécurité.

La crise au nord du Mali fut, en 2012, la première matérialisation des menaces que nous craignions pour l’ensemble de la région, à la suite de l’effondrement de la Libye. Aujourd’hui la  menace terroriste s’est étendue au centre du Mali, à la frontière entre ce pays, le Niger et le Burkina Faso, sans oublier évidemment les atrocités du groupe terroriste Boko Haram dans le Sahel central et autour du Lac Tchad. 

Aujourd’hui, nous constatons une expansion de cette gangrène et son avancée vers les pays du Golfe de Guinée ; rappelons-nous de  l’attaque de Grand Bassam de 2016.

Nous sommes tout aussi préoccupés par la multiplication des foyers de tensions communautaires liés notamment aux conséquences du changement climatique sur les modes de vie et de production de nos diverses populations. Les affrontements récurrents entre éleveurs transhumants et agriculteurs dans la région, en raison de la réduction tendancielle des pâturages et terres de culture, sont instrumentalisés par les groupes terroristes, avec les conséquences que l’on sait. Le terrorisme et l’extremisme religieux sont venus rompre l’équilibre ancestral qui a prévalu entre les populations dont les relations ont toujours été fondées sur la coexitence pacifique, la tolérance et la moderation.
 
Mesdames et Messieurs,

Le Sommet Extraordinaire de la CEDEAO consacré à la lutte contre le terrorisme doit être l’occasion pour nous de nous interroger sur l’efficacité de notre reponse face au phénomène et d’envisager ensemble les voies et moyens de fédérer nos initaitives et mutualiser nos moyens.

Je voudrais rappeler qu’à la suite d’un rapport conjoint en 2011 sur l’impact de la crise libyenne dans la région sahélo-saharienne, l’union africaine, les Nations unies, en étroite coopération avec la CEDEAO, ont pris un certain nombre d’initiatives pour lutter contre les groupes armés terroristes alors au Mali. 

Bien des stratégies ont été définies sur cette base. La mise en place du Processus de Nouakchott, la Mission intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), la création du G5-Sahel ainsi que l’Initiative de la Force multinationale mixte (FMM) dans le Bassin du Lac Tchad, participent de cette réponse que nous voudrons toujours inclusive et holistique.

Le Sommet CEDEAO-CEEAC de juillet 2018 et le présent Sommet extraordinaire constituent également des exemples de cette recherche permanente de renforcement de l’action collective face au terrorisme, avec le soutien de nos partenaires, au premier rang desquels les Nations unies.

Participe  également de cette dynamique, «l’Initiative d’Accra» entre le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Ghana et le Togo.
 La présence du Tchad, et de la Mauritanie,  membres de la CEEAC et de l’UMA à ce sommet témoigne de cet effort permanent de  renforcement de l’approche inclusive.

Je me félicite à cet égard de l’adoption par les pays du G5 Sahel de la Strategie pour le Développement et la Securité en 2016 soutenue par un ambitieux Programme d’Investissements Prioritaires (Défense et Sécurité, Gouvernance, Infrastructures et Résilience), tout comme de la Stratégie Régionale de Stabilisation (SRS) du Bassin du Lac Tchad pour la résilience, lancée en 2018.

Pour sa part, l'Union africaine dispose de plusieurs mécanismes et cadres pour aider nos États membres à relever les défis de la sécurité et du développement. Permettez-moi de mentionner en particulier le Comité des services de renseignement et de sécurité (CISSA) ; des mécanismes tels que les Processus de Djibouti et de Nouachatt, qui ont pour mandat d’aider les États membres à mieux partager le renseignement et à renforcer leurs capacités ; le Mécanisme de l'Union africaine pour la Coopération Policière (AFRIPOL) et le Centre Africain pour l'Etude et la Recherche sur le Terrorisme (CAERT).

Je me félicite également des objectifs de ce sommet qui consistent à redéfinir les strategies régionales et fédérer les initiatives pour des actions plus efficaces dans une synergie entre les organisations et les Etats concernés.

Monsieur le Président,
Excellences Mesdames et Messieurs,

Comme on le voit, des initiatives et des stratégies ont été développées, d’énormes efforts et sacrifices sont consentis par nos Etats et nos populations. Mais, force est de reconnaitre, que si le péril terroriste a été contenu, il est loin d’être éradiqué. Certains de nos Etats à l’Ouest comme au Centre de l’Afrique en font chaque jour l’amère expérience. L’ampleur du défi exige de nous une révison de nos instruments de reflexion et d’action.

La Commission reste convaincue de la nécessité d’une démarche inclusive et holistique fondée sur la nécessité d’une meilleure appropriation régionale et continentale des initiatives de paix et de sécurité dans le cadre qu’offre l’Architecture Africaine de Paix et de Sécurité (APSA).

Les stratégies, les équipements et les modes opératoires de nos Forces de défense et de sécurité doivent être adaptés à la menace et prendre en compte les relations à établir avec les populations civiles. Il n’y a pas de lutte efficace contre le fléau du terrorisme et de l’extrémisme violent sans une meilleure prise en compte du besoin de mieux-être des populations. On donnerait ainsi aux communautés locales les moyens de se prendre en charge et d’etre moins vulnérables au recrutement dans le terrorisme et les activités criminelles.

Dans cette perspective, un accent particulier doit etre mis sur la présence effective de l’Etat, d’une administration de proximité, d’une prise en mains de la jeunesse et des femmes à travers notamment les services sociaux de base, l’education, la santé, l’eau, bref une bonne gouvernance.

Excellences, Mesdames et Messieurs,

Dans la dynamique nouvelle qui se met en place, il est important d’aller vers une plus grande coordination des opérations étrangères au Sahel et en Afrique de l’Ouest. Elles ont, sans nul doute, grandement contribué au renforcement des capacités des forces nationales et à la sécurité dans la région. Nous sommes reconnaissants au soutien de tous nos partenaires internationaux tels que l’Opération Française Barkhane, la MINUSMA et d’autres, mais notre sécurité est et demeure d’abord et avant tout notre affaire. 

Les mesures de lutte contre le terrorisme doivent bénéficier d’un soutien  financier conséquent previsible et durable, par nous-mêmes d’abord et avec l’implication effective de tous nos partenaires.

Lors d'une récente Conférence régionale sur la lutte contre le terrorisme, le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, et moi-même avions conjointement réitéré notre appel à une «action concertée et unie» dans la lutte contre le terrorisme.

Plus récemment, lors du Sommet du G7 à Biarritz, le Président KABORE et moi-meme avions fortement plaidé en faveur d’un financement de la lutte contre le terrorisme, notamment au Sahel, par les Nations Unies à travers des contributions obligatoires des Etats membres.

Alors que nous nous préparons à partciper à l'Assemblée générale des Nations Unies, nous appelons l'ONU à assumer pleinement et plus efficacement ses responsabilités et son leadership en tant que seul organe chargé de la sécurité mondiale.

Excellences, Mesdames et Messieurs,

Je ne saurais conclure mon propos, sans réitérer ma gratitude à Son Excellence Roch Marc Christian Kaboré, President du Faso, pour nous avoir été associés à ces importantes assises et pour l’accueil fraternel et chaleureux. J’associe à ces mots de remerciements l’ensemble des Chefs d’Etat et de Gouvernement présents, mes collègues Présidents de la Commission de la CEDEAO et de l’UEMOA, nos partenaires bilateraux et multilateraux.

Je voudrais vous réaffirmer la détermination et la disponibilité de l’UA à poursuivre et à intensifier la coopération et la collaboration avec la CEDEAO face aux défis du terrorisme et de l’extrémisme violent et dans nos efforts communs d’intégration de notre Continent dans la paix, la sécurité, la stabilité et la prospérité.

Je vous remercie de votre bienveillante attention.
 

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