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Discours du Président de la Commission de l’Union Africaine S.E. M. Moussa Faki Mahamat à l’occasion du Sommet Africain Sur Le Climat

Discours du Président de la Commission de l’Union Africaine S.E. M. Moussa Faki Mahamat à l’occasion du Sommet Africain Sur Le Climat

September 05, 2023

Excellency Dr William Samoei Ruto, President of the Republic of Kenya,

Excellency Azali Assoumani, President of the Union of the Comoros and current Chairman of the African Union,

Excellencies, Heads of State and Government,

António Guterres, Secretary-General of the United Nations,

Madame Ursula von der Leyen, President of the European Union Commission, 

Honourable Ministers,

Distinguished guests, Ladies and Gentlemen,

Allow me first of all to thank President William Ruto, the Government and the people of Kenya for the exceptional hospitality extended to us since our arrival, to the beautiful green capital of Nairobi.

I also wish to thank you, Mister President and dear Brother, for your unwavering, strong leadership in advocating for a new world order of real climate justice and sustainable development for us all. Here on the Continent, and for the entire global community.

It goes without saying, therefore, that Kenya, with its extraordinary flora and fauna, including in the heart of Nairobi, is undoubtedly the ideal place to hold a climate summit.

Excellences, Mesdames et Messieurs,

Le récent Rapport du groupe Intergouvernemental d’experts sur le Changement Climatique (GIEC) confirme nos craintes. L'Afrique se réchauffe plus rapidement que le reste du monde. Si le phénomène n'est pas stoppé, le Changement climatique continuera à avoir un impact gravement toxique sur la croissance des économies Africaines. La productivité agricole a été réduite de 34% depuis 1961 en raison des Changements climatiques, plus que dans toute autre Région, d’où une pression insoutenable sur les systèmes alimentaires en Afrique.

Les pays Africains sont ainsi confrontés à des charges et à des risques disproportionnés, découlant de phénomènes météorologiques imprévisibles, notamment des sécheresses prolongées et des inondations dévastatrices à tous les niveaux. Des crises humanitaires massives provoquent des effets néfastes sur l'économie, la santé, l'éducation, la paix et la sécurité, ainsi que d'autres risques connexes.

A titre d’exemple, la saison 2022/2023, environ 18 millions de personnes ont été affectées par la sécheresse dans la seule Corne de l'Afrique. Récemment, le cyclone tropical Fred a touché plus de 1,2 million de personnes et provoqué la mort de plus de 700 personnes. On estime également qu'entre 2019 et 2023, les pertes économiques dues aux catastrophes en Afrique se situent entre 20 et 35,5 milliards de Dollars Américains. Cette liste lugubre est sans fin…

Excellences, Mesdames et Messieurs,

Le Changement climatique n'a épargné aucun secteur. Si l’on se rappelle que l'Afrique compte environ 400 millions de personnes qui n'ont pas accès à l'eau potable et environ 700 millions qui n'ont pas accès à un bon système d'assainissement, et que les évaluations d’experts indiquent un déficit d'investissement d'environ 11-20 milliards de Dollars par an jusqu'en 2023, on se rend alors compte que le continent est au bord d’un vrai drame consécutif aux dégradations de ses conditions climatiques. Évidemment ce n’est pas le seul facteur et l’on n’a tort de ne pas intégrer cette donnée dans l’analyse globale des facteurs négatifs dont la gouvernance est au centre.

Je ne voudrais pas céder au pessimisme et je sais qu’au tableau général nous avons bien heureusement quelques lumières et de nombreux indicateurs favorable.

Je ne peux cependant pas ne pas rappeler qu'environ 600 millions d’africains sont privés d'électricité, tandis que 800 millions parmi eux n’ont pas accès a une cuisine propre et sont donc exposées à des infections respiratoires potentielles dues à la fumée.

Les infrastructures sont également mises à mal par le Changement climatique et, comme vous le savez tous, répondre aux besoins de l'Afrique en matière d'infrastructures et développer des services d'infrastructure rentables nécessitent des financements considérables estimés aujourd’hui à environ 170 milliards de Dollars par an.

Il est, en ce sens, encourageant de constater que les Gouvernements Africains ont consacré environ 3,5% de leur PIB au développement des infrastructures au cours des 20 dernières années. C’est trop peu par rapport à certains pays émergeants au nombre de bouches à nourrir immensément incomparables. La Chine et l'Inde consacrent respectivement 7,7% et 5,2% de leur PIB aux infrastructures. L’on perçoit ainsi dans quelle direction orienter l’effort…

Excellences, Mesdames et Messieurs,

Ce Sommet nous offre une excellente occasion de traduire les ambitions climatiques de l'Afrique en opportunités d'actions pratiques et de consolidation de nos voix sur les questions brûlantes de Changement climatique, en perspective du Sommet des Nations Unies sur le Climat et la COP28 aux Émirats Arabes Unis.

A ces rencontres d’importance mondiale, l’Afrique doit, entre autres défis, mettre en relief la situation préoccupante et parfois dramatique au Sahel et la Corne de l’Afrique où sécheresses et inondations alternent, au bassin du fleuve Congo à la déforestation dangereuse et au conséquences désastreuses des cyclones en Afrique austral et dans les États insulaires. Il est urgent que l’Afrique se présente à toutes ces rencontres avec des propositions concrètes à exécution sans report.

Je réitère avec force mon appel de venir à ces deux prochaines rencontres avec des propositions précises, sans les noyer dans la littérature et la litanie habituelle, sur l’impératif d’une justice collective à l’égard de l’Afrique dont la responsabilité est bien limitée dans la pollution de la planète avec une part inversement proportionnelle du volume d’investissement global dans l’environnement.
Cet appel pour un rétablissement de la justice à l’égard de l’Afrique gagnerait à se faire accompagner d’une vraie réforme de l’architecture financière mondiale à laquelle est consacrée, à juste titre, un panel de haut niveau lors de ce sommet. A l'évidence, cette réforme doit résolument porter sur les organes et institutions financières qui structurent cet univers au fonctionnement éloigné de l'Afrique

Dans cette réforme souhaitée une question vient à l'esprit: le poids de la dette et le déficit de financement des ODD. A elle seule, l'Afrique représentait avant le COVID un besoin de 1,300 milliards de Dollars par an pour satisfaire ses besoins en développement durable a l'horizon 2030 alors que les besoins globaux de financement des ODD dans la même période a 2500 milliards de Dollars pour le financement des pays en développement.

Comme tout le monde le sait le stock de la dette publique de l'Afrique subsaharienne en fin 2022 était estimé à 1140 milliards de dollars. Des 650 milliards de DTS mobilisés, l'Afrique n'a reçu que 33 milliards soit 4,5%.

Au regard de ces chiffres ahurissants et bien d'autres, il apparait clairement qu'il n'y a pas d'intervention mondiale pertinente en faveur de l'Afrique sans une solution crédible du défi paralysant celui de la dette.

Pour porter ce combat qui inclut le financement de l'adaptation (100 milliards de Dollars par an) l'Afrique a rassemblé ses volontés dans sa position commune à travers un momentum unifiant les voix Africaines notamment en matière de changement climatique. Ce sera à l'évidence le point central de notre agenda au sein du G20 dès que nous y accédons.

Il reste cependant entendu que dans ce grand et vaste combat l’Afrique ne devrait pas se suffire des incantations.
Comme pour son indépendance et sa libération elle est plus que jamais interpelée à compter d’abord et avant tout sur ses propres efforts, sur son génie propre, sur les qualités et vertus d’un leadership audacieux, imaginatif, uni et solidaire.

Pleins succès à nos travaux.

Je vous remercie.

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