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Discours du Président de la Commission de l'Union africaine, S.E. Moussa Faki Mahamat à la réunion ministerielle sur la Libye

Discours du Président de la Commission de l'Union africaine, S.E. Moussa Faki Mahamat à la réunion ministerielle sur la Libye

October 05, 2020

Excellence, Monsieur le Secrétaire général des Nations Unies,
Excellence, Monsieur le Ministre des Affaires Etrangères d’Allemagne,
Excellences mesdames, Messieurs,

Je voudrais vous adresser ainsi qu’à tous les participants à cette rencontre mes vifs remerciements pour l’organisation de cette réunion qui se situe à un tournant particulier de la crise libyenne et des efforts conjugués pour la résoudre.

Il me plait, d’entrée de jeu, de rappeler avec la même force que précédemment, la position constante de l’Union africaine pour la solution de cette crise.

 L’Afrique rejette toute approche de solution militaire, de quelque partie que ce soit, et s’attache plus que jamais à la recherche déterminée et courageuse d’une solution politique négociée dans la paix, le réalisme et la bonne foi.

 Elle privilégie la recherche d’une telle solution à travers un dialogue national inter-libyen, consensuel et inclusif de toutes les forces politiques et sociales, et pas seulement articulées autour des deux principaux belligérants actuels.

 La position africaine condamne les interférences et ingérences extérieures dans les affaires de ce pays. Nous considérons que de telles ingérences ne procèdent pas des intérêts du peuple libyen, ni des intérêts fondamentaux du continent africain. Elles violent le droit international, les résolutions pertinentes des Nations Unies et sapent les fondements sur lesquels sont bâtis les principes de liberté, d’indépendance, de souveraineté, d’unité et de solidarité chers aux peuples africains.

 Nous considérons, enfin, que l’action internationale de soutien à la Libye doit être collective, coordonnée et non dispersée et individuelle. C’est pourquoi nous considérons que le processus de Berlin appuyé par les Nations Unies, que nous avons toujours fortement soutenu, devrait être le cadre de recherche d’une telle solution.

Dans ce processus, la place de l’Afrique doit définitivement rompre avec toute velléité de marginalisation du continent et des voisinages africains dont les Etats constitutifs n’ont cessé de contribuer positivement par différentes séries de rencontres qu’elles ont, ici ou là, réussi à organiser entre les parties libyennes à des moments où celles-ci étaient très éloignées.

Excellences
Mesdames, messieurs

Les rencontres bilatérales et multilatérales sur la crise Libyenne n’ont cessé de se succéder et, je l’espère vivement, vont désormais cesser de se ressembler.

Je voudrais d’emblée, à cet égard, exprimer ma satisfaction des indices qui inclinent à penser que ce souhait tend à se réaliser.

En effet, la déclaration émanant des parties pour un cessez-le feu, le respect relativement bien observé d’un tel cessez-le feu, l’organisation de consultations informelles entre certains acteurs libyens majeurs, les changements dans les structures internes de certains belligérants, la programmation de rencontres plus formelles à venir et le réveil massif des acteurs sociaux libyens dont le mutisme et la marginalisation subséquente lors des tentatives précédentes, ont été regrettables, indiquent tous que quelque chose de nouveau est en train de se passer.

La tâche primordiale de notre rencontre d’aujourd’hui est non seulement d’en féliciter tous ceux qui y ont directement ou indirectement contribué, mais surtout, d’assurer de façon encore plus méthodique et plus unitaire, son renforcement et son encadrement. Cet effort crucial ne saurait être constructif sur le court, moyen et long terme que s’il est effectué en parfaite association et appropriation du peuple libyen lui-même.

Il est de notre devoir à tous d’ouvrir largement le jeu politique en Libye à tous les acteurs, aux forces en directe confrontation, certes, mais également, aux forces tribales traditionnelles, aux forces religieuses en rupture avec l’extrémisme, le terrorisme et le mercenariat, aux représentations des femmes, des jeunes, de la diaspora et des représentants de l’ancien régime. On ne construira pas la paix et la réconciliation en Libye dans l’exclusion et la monopolisation ou la fermeture du jeu politique. L’avenir de la Libye est l’affaire de tous les libyens. Il n’est pas l’apanage d’une partie libyenne à l’exclusion d’une autre.

Excellences,
Mesdames Messieurs

L’UA réitère la disponibilité de tous ses organes compétents pour jouer sa partition dans l’organisation d’un tel dialogue consensuel et inclusif libyen. Les multiples expériences africaines réussies de telles entreprises et les interactions quotidiennes diverses entretenues avec nos frères libyens, autorisent à croire profondément aux chances de l’Afrique, sur la base de son principe directeur de solution des problèmes africains par les africains, d’apporter une contribution essentielle à la solution politique de la crise sans exclure les partenaires extérieurs.

Il ne s’agit pas d’une demande de service, dois-je le dire en toute franchise, mais d’un langage de vérité, d’efficacité, d’authentique et constructif partenariat entre nous.

Je vous remercie.

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