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La Crise Du Coronavirus Les Femmes Travailleuses Dans Les Maquis Et Les Restauratrices De Nuit Aux Abois !

La Crise Du Coronavirus Les Femmes Travailleuses Dans Les Maquis Et Les Restauratrices De Nuit Aux Abois !

July 15, 2020
La Crise Du Coronavirus Les Femmes Travailleuses Dans Les Maquis Et Les Restauratrices De Nuit Aux Abois !

La pandémie du COVID-19 risque d'augmenter de façon considérable les inégalités socio-économiques déjà existantes entre les femmes et les hommes. D'un point de vue sanitaire, le risque qu'ont les femmes de développer le virus est très élevé car ce sont elles qui prennent soin des personnes malades, dans les familles et les hôpitaux. Et d'un point de vue économique, l'épidémie affecte davantage leurs revenus et leur niveau de vie, surtout celles qui pratiquent des métiers précaires ou des emplois informels.

Les licenciements résultants de la baisse d'activité dans le contexte de l'épidémie ont atteint un quota assez élevé. Le Mali ne fait pas exception à cette situation. D'après une étude du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), environ 3% des maliennes sont des salariées, la proportion donc des maliennes qui interviennent dans l'informel est importante. Les mesures sanitaires prises par les autorités maliennes ont évidemment affecté les activités génératrices de revenus en particulier dans le secteur de l'informel. Il s'agit ici, des femmes qui travaillent dans les maquis, les bars ou celles qui tiennent de petits restaurants de nuit au bord des routes bamakoises. Beaucoup d'entre elles se retrouvent du jour au lendemain dans des situations socio-économiques très difficiles.

La pandémie a aggravé les inégalités économiques et sociales pour les femmes
Florence 26 ans, mère de deux enfants et serveuse dans un maquis nous confie: « Je n'ai pas reçu de salaire depuis le mois mars, je vis de mes économies. Le bar dans lequel je travaille est fermé depuis cette date. Le patron nous donne souvent quelques sous, entre 5000 et 10,000 francs CFA, pour nous dépanner mais c'est hélas insuffisant. Pour une mère célibataire de deux enfants comme moi, les choses sont très difficiles mais où se plaindre?

Une fois que les activités reprendront officiellement j'espère recevoir mes arriérés et conserver mon travail.»

Bon nombre de jeunes femmes sont dans la même situation que Florence. Malheureusement, pour celles avec peu d'économie c'est la précarité absolue. Car, en plus de subvenir à leurs propres besoins, certaines femmes doivent également subvenir aux besoins de la famille. «La carrière de certaines jeunes femmes risque de ne jamais se remettre du coronavirus» pour citer Sarah Fielding. Les mesures prises par l'Etat malien ont accru la vulnérabilité de ces groupes de femmes. Les autorités semblent indifférentes au sort de ces femmes et elles ne prévoient aucune aide qui leur est destinée, alors que celles-ci, en plus d'être des citoyennes, constituent une main d'œuvre valable pour le pays.

Christelle, caissière dans un maquis bien en vogue de la place, semble prendre la situation avec sagesse et compréhension. Elle raconte: «je suis malienne mais ma famille vit en Côte d'Ivoire. Je travaille depuis 10 ans comme caissière dans le maquis «X». Depuis la fermeture de l'endroit à cause du coronavirus je ne travaille plus. Notre situation actuelle est déplorable et sans précédent. J'ai trois enfants, auxquels je dois envoyer de l'argent chaque mois. Mais ce mois-ci je n'ai rien pu envoyer. J'ai fini mes économies et je vis des sous empruntés à des amis. Plus d'activité, plus de salaire. J'évite d'être défaitiste en me disant que ce n'est de la faute de personne; ni des autorités, ni des organisations internationales. Mais j'espère que les choses vont se régler très bientôt. Je voulais retourner en Côte d'Ivoire aux côtés de ma famille mais ce n'est pas possible à cause de la fermeture des frontières. Je vais au maquis des fois pour voir ce que je peux faire et racketter au passage le patron pour pouvoir m'acheter des provisions.»

«On l'a vu plus haut, la prévalence des femmes dans le travail «informel» n'est pas sans conséquence. Dans certains pays de l'Afrique subsaharienne comme le Gabon, le Cameroun ou même le Mali, 73% des femmes économiquement actives travaillent dans le secteur informel»
Fatou Gueye et Ahmadou Aly Mbaye - chercheurs universitaires

Interpeller sur la situation des restauratrices de nuit
En longeant la route la nuit dans la capitale malienne, vous verrez des femmes qui tiennent des petits restaurants dans les kiosques. Vendre de la nourriture la nuit est leur unique activité génératrice de revenus. Tout comme les travailleuses dans les maquis ou les bars, ces dernières sont très touchées par la pandémie, puisque leurs activités sont suspendues depuis le début de la crise.

Amaga, restauratrice et jeune mariée nous confie: «le coronavirus a eu raison de mon activité. À cause du couvre-feu instauré par l'Etat, j'ai fixé mes horaires de travail de 18h à 20h30, alors qu'avant le covid-19 c'était de 19h à 01h du matin. Hormis la réduction de mes heures de travail, les clients n'achètent plus la bouffe. J'ai donc été dans l'obligation de fermer mon kiosque. Et depuis je ne travaille plus. Moins de revenus pour ma famille.» Face à cette question de vulnérabilité, ces femmes sont exposées à d'autres activités, qui peuvent leur permettre de subvenir à leurs besoins. Ce qui risque de les amener dans des réseaux de trafic ou de prostitution et de se trouver dans des activités qu'elles ne menaient pas auparavant.

L'impact du coronavirus sur la vie des femmes au Mali est immense, on peut même affirmer que celles-ci sont des victimes directes de la crise sanitaire actuelle. Les organisations non gouvernementales, les associations de femmes en partenariat avec les autorités doivent se pencher sur le sujet. Et mener à la fois des réflexions et des actions pour accompagner ces groupes. Aussi, adapter au contexte actuel des projets destinés aux femmes et aux jeunes filles, pour favoriser l'émancipation et réduire les inégalités socio-économiques en période de pandémie.

Maimouna Djoncounda Dembélé, militante des droits humains et spécialiste en genre et égalité femme-homme, nous confie que «dans les initiatives communautaires de la prévention au COVID-19, il faut impliquer les femmes, tenir compte de leur disponibilité pour mener les activités et leur faire comprendre comment elles peuvent être des actrices pour prévenir et réduire la vitesse de propagation du virus. L'Etat doit aussi créer des projets pour orienter les femmes lésées par le COVID-19 pour que ces dernières puissent mener des activités. Et enfin, vu que les ONG ne sont plus actives sur le terrain, les autorités doivent trouver les moyens de sensibiliser sur les violences sexistes, qui augmentent en nombre chaque jour en cette période de crise.»

 

Samake Tenin is a Malian blogger, photographer and feminist activist. She is the founder and chief editor of Womanager, a platform for the empowerment and emancipation of African women, and particularly  women of Mali. Her work focuses on women, gender equality and feminism. She has a Bachelor’s degree in business communication and is an alumna of the YALI Regional Leadership Center of Dakar.
Tenin is full of engagement, authenticity, sharing and passion !
 
 
 
 

 

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