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Intervention sur "Faire taire les armes" de S.E. Moussa Faki Mahamat au 14ème Sommet extraordinaire de l'UA

Intervention sur "Faire taire les armes" de S.E. Moussa Faki Mahamat au 14ème Sommet extraordinaire de l'UA

December 06, 2020

Excellence Monsieur Cyril. Ramaphosa, Président de la République d’Afrique du Sud, Président en exercice de l’UA,
Excellences Messieurs les Chefs d’État et de Gouvernement,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs,

Nous nous retrouvons encore ce matin pour examiner un second projet phare de notre organisation, à savoir celui de Faire taire les armes. Cette thématique est en effet l’objet d’un des projets les plus importants de l’Union Africaine, indispensable dans la réalisation des aspirations contenues dans l’Agenda 2063.

Nous en avons fait le thème de l’année 2020 pour montrer le degré de priorité que nous accordons à cet idéal dont nous savons que la concrétisation est une œuvre de longue haleine. En dépit de cette volonté politique, les armes continuent de parler et même bruyamment dans de nombreuses régions du continent. Partout dans le monde, elles se sont tues ou ont diminué d’intensité. En Afrique, elles continuent de circuler abondamment, parfois plus que dans les régions ou elles sont fabriquées. Notre Continent est celui hélas, qui abrite le plus grand nombre de foyers de violence. Aucune région de l’Afrique n’échappe en réalité à leur ravage.

Excellences Messieurs les Chefs d’Etat,

Le panorama des crises dans notre espace africain est tristement saisissant : le Sahel, la région du Lac Tchad et la Somalie sont secoués par un extrémisme et un terrorisme terrifiant. En Libye malgré les récents progrès, on constate que le pays a été dévasté par une sanglante conquête du pouvoir et une série de luttes consécutives.

La tension reste vive au Sahara occidental. J’en appelle à la réactivation du mécanisme créé par la décision 693 de la Conférence à l’effet d’apporter tout le soutien de l’Union aux efforts des nations unies pour une solution à ce lancinant conflit.

La Corne de l’Afrique et en Afrique australe à Cabo del Gado, s’éveillent l’irrédentisme, les velléités sécessionnistes et de menace à l’ordre constitutionnel établi et la stabilité des Etats. La région des Grands Lacs où le banditisme armé, déguisé en revendications politiques agite depuis des années cette partie de l’Afrique. En outre, les périodes pré et post électorales sont les plus propices aux tensions. Elles débouchent sur des violences parfois armées, entrainant des pertes en vies humaines et destruction des biens, fragilisant ainsi l’unité et la concorde nationale.

La profusion des armes et l’absence quasi-totale de leur contrôle ont augmenté toutes les formes de violence : conflits intercommunautaires, extrémisme violent, grand banditisme urbain et rural, braconnage à grande échelle, trafics de tout de genre. Le bruit des armes a rompu l’équilibre social harmonieux, paisible et heureux qui prévalait dans les sociétés africaines.

Les armes causent des dégâts physiques, matériels et psychologiques considérables sur le continent et empêchent tout progrès, tout épanouissement individuel et collectif. Elles étouffent toute énergie créatrice et toute réflexion constructive. Les premières victimes de cette situation sont incontestablement les jeunes et les femmes, véritables leviers de tout développement économique et social.

Excellences Mesdames Messieurs,

N’est-il pas temps de s’interroger sur cette situation particulièrement peu glorieuse aux conséquences désastreuses pour les pays et les populations ?

A la réflexion et l’évaluation, nous devons nous rendre à l’évidence que taire les armes n’est possible que si nous nous attaquons sans faiblesses aux causes profondes de leur utilisation. Ces causes, comme tout le monde le sait, sont les déficiences de l’État dans la gouvernance politique et économique qui se traduit concrètement par l’injustice, l’exclusion, l’extrême pauvreté, la dégradation du système éducatif, voire la carence de services sociaux de base, la corruption et l’absence de dialogue.

La dégradation des conditions climatiques, la multiplication des catastrophes naturelles, la propagation des pandémies à l’instar de la covid 19, ont ajouté à leur impact négatif à cet ensemble fragilité.

Aux manquements de l’État dans l’accomplissement de ses obligations, s’ajoutent comme facteurs de complication les convoitises et les interférences étrangères dont les intérêts et motivations sont aux antipodes de ceux de l’Afrique.

Excellences Messieurs les Chefs d’Etat,

Faire taire les armes est - ce possible ? Est-ce une fatalité contre laquelle nous sommes impuissants ? Ma conviction est que la réponse à ces interrogations est à la portée de nos États et repose sur le leadership des dirigeants dans le règlement des crises et la promotion d’une gouvernance vertueuse et efficace.

La présence rassurante de l’État, la primauté de la justice, l’éradication de la pauvreté, le respect scrupuleux des mécanismes institutionnels, le choix définitif du dialogue, etc, méritent d’être promus en tant qu’instruments d’éloignement de tout risque d’utilisation des armes.

Sur le plan extérieur, l’affirmation par l’Afrique de sa souveraineté en toutes circonstances et l’exigence d’une coopération internationale reposant sur la centralité de l‘Afrique dans le règlement de ses propres crises, participent aussi des conditions de l’instauration de la paix et de la stabilité en Afrique.

Ces réponses nationales et continentales au bruit des armes pourront être complétées efficacement par tous les mécanismes, les dispositifs et les cadres dont l’Afrique s’est dotée, non seulement pour faire taire les armes, mais aussi pour prévenir leur utilisation comme mode de règlement des différends politiques.

Excellences Messieurs les Chefs d’Etat,

Certes, ce panorama décrit ci haut n’est pas très reluisant. Il faut cependant reconnaitre que certains progrès ont été réalisés. Il en est ainsi du règlement et de l’atténuation de certaines crises telles qu’en RCA, au Soudan, au Sud Soudan et en Somalie.

Au plan doctrinal, l’Afrique s’est battue pour accroitre ses propres moyens de défense et de sécurité tout en renforçant son plaidoyer en faveur d’un multilatéralisme d’égalité, de justice et de vraie coopération entre les nations. C’est le lieu pour moi de me féliciter des efforts déployés dans ce sens par l’Union africaine à travers son Conseil de Paix et de Sécurité et le A3. Monsieur le Président Ramaphosa, je voudrais saluer votre engagement et celui de votre pays en tant que président du Conseil de sécurité des nations unies d’avoir défendu avec pertinence, il a deux jours, le dossier du financement des missions de maintien de la paix africaines par des sources onusiennes éligibles et pérennes.

Je n’ai pas de doute comme je l’ai souligné hier en évoquant le rapport intime entre les deux projets phares, objets de nos deux sommets extraordinaires, que le succès de l’un est la condition sine qua non du vrai succès de l’autre. L’intégration est le cadre propice à la réalisation de la paix et de la sécurité, lesquelles sont une fois réalisées, les meilleurs encouragements à l’intégration et la prospérité du continent.

La construction d’une Afrique unie dont rêvaient les pères fondateurs, d’une Afrique sécurisée, forte et prospère que nous voulons, est à ce prix.

Je vous remercie.

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