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MAEP: «L’abaissement de la note d’Afreximbank par Fitch repose sur une classification erronée des prêts»

MAEP: «L’abaissement de la note d’Afreximbank par Fitch repose sur une classification erronée des prêts»

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juin 06, 2025

06 Jun 2025 – Conformément à la Décision [Assembly/AU/Dec.631(XXVII)] de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine, ainsi qu’à l’article 6(g) du Statut du Mécanisme africain d’évaluation par les pairs (MAEP) (2020), qui donnent mandat au MAEP pour fournir un appui aux pays africains en matière de notations de crédit, le MAEP réalise régulièrement des analyses indépendantes des décisions de notation et des commentaires émis par les agences internationales de notation de crédit concernant les États africains souverains et les institutions financières multilatérales du continent.

Le 4 juin 2025, Fitch Ratings a abaissé la notation de défaut de la Banque africaine d’import-export (Afreximbank) en tant qu’émetteur à long terme en devises, de BBB à BBB-, avec des perspectives négatives. Fitch a justifié cette décision en invoquant une augmentation perçue du risque de crédit et la faiblesse des politiques de gestion des risques, fondée sur son estimation que les prêts non performants (NPL) de la Banque s’élèveraient à 7,1 %. Cette estimation découle de la classification par Fitch des expositions souveraines au Ghana (2,4 %), au Soudan du Sud (2,1 %) et à la Zambie (0,2 %) en tant que prêts non productifs. Ce chiffre de 7,1% est pourtant largement supérieur au ratio de 2,44 % déclaré par Afreximbank dans ses propres rapports.

Le MAEP exprime sa profonde préoccupation face à cette classification erronée des expositions souveraines d’Afreximbank à ces trois pays en tant que prêts non productifs. Cette évaluation soulève d’importantes questions d’ordre juridique, institutionnel et analytique, que le MAEP conteste vigoureusement. L’hypothèse selon laquelle le Ghana, le Soudan du Sud et la Zambie ne respecteraient pas leurs engagements vis-à-vis d’Afreximbank est incompatible avec les dispositions du Traité constitutif de 1993 de la Banque, auquel le Ghana et la Zambie sont parties en tant que membres fondateurs, actionnaires et signataires.

Ce traité multilatéral, juridiquement contraignant pour tous les pays membres, impose des obligations légales spécifiques relatives aux protections, immunités et opérations financières de la Banque. En vertu de ce cadre, les prêts accordés par Afreximbank à ses pays membres relèvent d’une logique de coopération intergouvernementale et d’engagement mutuel, et non des principes classiques du risque commercial. Il est donc juridiquement incohérent de classer ces prêts comme non productifs, d’autant plus que les États emprunteurs sont actionnaires de la Banque, qu’aucun défaut formel de paiement n’a été enregistré, et qu’aucune des entités souveraines concernées n’a répudié ses obligations.

Le traitement unilatéral par Fitch de ces expositions souveraines – les assimilant à des prêts commerciaux standards – malgré leur adossement à des obligations conventionnelles et à des participations d’actionnaires, est infondé. Une telle approche reflète une méconnaissance de l’architecture institutionnelle des institutions financières africaines, ainsi que de la spécificité du financement du développement intra-africain.

Fitch a également mal interprété l’invitation adressée par le Ghana, le Soudan du Sud et la Zambie à Afreximbank en vue de discuter des modalités de remboursement des prêts, y voyant à tort une intention de faire défaut et/ou une renonciation au statut de créancier privilégié.
Par conséquent, le MAEP invite Fitch Ratings à revoir ses critères et hypothèses dans ce dossier, et à engager des consultations techniques avec Afreximbank ainsi qu’avec les autres parties prenantes africaines concernées. Des évaluations de crédit objectives, transparentes et sensibles au contexte sont essentielles pour garantir un traitement équitable des institutions africaines au sein du système financier mondial. Le MAEP réaffirme son engagement à promouvoir l’exactitude et l’intégrité des évaluations de crédit.

UNITÉ DE RECHERCHE ET CONSEIL EN NOTATIONS DE CRÉDIT
Pour plus d’informations sur le sujet, bien vouloir contacter :
Dr McBride Nkhalamba, Directeur par intérim de la gouvernance et des rapports spécialisés
Dr Misheck Mutize, expert principal en notation de crédit ; misheck.mutize@aprm-au.org
Mme Ejigayhu Tefera, chercheur ; ejigayhu.tefera@aprm-au.org

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