REPUBLIQUE DU SENEGAL

Un Peuple - Un But - Une Foi

FORUM DE REFLEXION DE L'UNION AFRICAINE SUR LES CHANGEMENTS ANTICONSTITUTIONNELS DE GOUVERNEMENT EN AFRIQUE

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ALLOCUTION DE SEM MOHAMED LAMINE THIAW, AMBASSADEUR, REPRÉSENTANT PERMANENT DU SÉNÉGAL AUPRÈS DE L’UA LORS DE LA CEREMONIE

D’OUVERTURE DU FORUM

    Accra, le 15 mars 2022

Son Excellence Monsieur Nana Addo Dankwa AKUFO-ADDO, Président de la République du Ghana et Président de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO,

Excellence Madame Catherine SAMBA-PANZA, ancienne Présidente de la Transition en République centrafricaine,

Excellence Monsieur Moussa Faki MAHAMAT, Président de la Commission de l’Union africaine,

Excellence Madame Shirley Ayorkor BOTCHWAY, Ministre des Affaires étrangères et de l’Intégration régionale de la République du Ghana,

Excellence Ambassadeur Bankole ADEOYE, Commissaire aux Affaires politiques, à la Paix et à la Sécurité de l’Union africaine,

Excellence Prof. Mafa SEJANAMANE, Représentant permanent du Royaume du Lesotho auprès de l'Union africaine et Président du CPS pour le mois de mars 2022,

Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,

Mesdames et Messieurs, en vos rangs, titres et qualité,

Je voudrais avant tout transmettre les fraternelles salutations et félicitations que Son Excellence Monsieur Macky SALL, Président de la République du Sénégal et Président en exercice de l’Union africaine, adresse à Son Excellence Monsieur Nana Addo Dankwa AKUFO-ADDO, Président de la République du Ghana et Président de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO.

Il forme aussi des vœux de plein succès pour cet important Forum de réflexion de l'Union africaine consacré aux changements anticonstitutionnels de gouvernement en Afrique, forum qui arrive  à point nommé.

 Je tiens à adresser mes sincères remerciements au Gouvernement et au Peuple Ghanéens pour leur hospitalité chaleureuse et à féliciter le Ghana et dire toute notre gratitude à Son Excellence Monsieur Nana Addo Dankwa AKUFO-ADDO pour l’accueil de cette importante rencontre qui porte sur une thématique d’une grande urgence.

Excellences,

Mesdames et Messieurs,

Ces dernières années, un phénomène que l’on croyait dépassé et enfoui dans l’histoire du continent a resurgi avec une actualité brûlante. Il s’agit de ce qu’on qualifie communément de coups d’Etat militaire ou pour parler plus juridiquement mais aussi plus généralement des changements anticonstitutionnels de gouvernement.

En l’espace de trois ans, l’Afrique a connu pas moins de cinq renversements de gouvernements légalement constitués, sans compter les tentatives avortées.

Ce retour indésirable des régimes militaires est une sérieuse remise en cause des nombreux acquis de l’Afrique, obtenus au prix d’efforts et de sacrifices colossaux depuis les années d’indépendance, sur le plan de la démocratie, de la bonne gouvernance, de la promotion et du respect des droits de l'homme et l’Etat de droit, sans oublier les avantages socio-économiques s’y rapportant.

Ce retour indésirable des régimes militaires marque également un facteur d’aggravation de la situation sécuritaire déjà intenable dans certaines régions du continent comme le Sahel.

Par conséquent, si aux crises politiques, conflits armés, terrorisme, à l’extrémisme violent et aux défis économiques accentués par la pandémie de Covid 19, il faut ajouter les coups d’Etat militaire, autant dire que l’Afrique que nous souhaitons aux termes de l’Agenda 2063, une Afrique pacifique, intégrée et prospère, risque de rester, pour de longues années encore, un vœu pieux.

Autant nous déplorons certaines situations de mal gouvernance, de déficit démocratique, de problème économiques ou sécuritaires en Afrique, autant nous estimons qu’elles ne sauraient être invoquées pour expliquer encore moins justifier la prise du pouvoir par l’armée. 

Sous ce rapport, il y’a lieu ici de se féliciter du rôle joué par les organisations continentale et régionale, en l’occurrence l’Union africaine et la CEDEAO, suite aux renversements de l’ordre constitutionnel en Afrique de l’Ouest, en particulier.

En dépit des difficultés inhérentes à la gestion de pareilles situations se caractérisant par leur soudaineté et dont nous ne sommes pas encore sortis, il conviendrait de relever la spontanéité et la fermeté de leur réaction sans complaisance qui ont été à la hauteur des nouveaux défis posés par le phénomène.

Il y va, assurément, de la crédibilité de nos institutions et de l’exigence de respect de nos cadres juridiques et politiques en matière de démocratie et de bonne gouvernance qui n’est pas négociable.

Toute violation de ces instruments normatifs doit donner lieu, sans concession, aux sanctions et mesures prévues, pour éviter les effets d’entrainement et de contagion préjudiciables pour un continent comme le nôtre.

Ce Forum arrive donc à un moment crucial. Il nous offre, dans la perspective du Sommet extraordinaire de Malabo, une occasion de réflexion et d’échanges approfondis sur la résurgence d’un phénomène plein de mauvais souvenirs pour l’Afrique, non sans assombrir son image de marque.

Nous avons espoir que cet exercice débouche sur une analyse complète, objective, sans complaisance et avec la lucidité requise du phénomène, non seulement dans ses causes apparentes et sous-jacentes, mais aussi son impact sur la marche de nos pays vers le progrès.

Cette approche permettra, sans doute, de rassembler des éléments de convergence qui pourraient être consolidés ultérieurement et faire écho à des plateformes comme le Forum International de Dakar sur la Paix et la Sécurité en Afrique, afin de constituer la base de notre action dans la prévention des changements anticonstitutionnels de gouvernement en Afrique.

En tout état de cause, et je vais terminer par-là, le renforcement des institutions étatiques, le redoublement des efforts pour relever le niveau de vie des populations, sans omettre la professionnalisation des armées nationales, pour ne citer que ces aspects, doivent demeurer des pistes pour remédier à la recrudescence des coups d’Etat en Afrique.

Je vous remercie de votre aimable attention.